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Puiser l'énergie solaire sur l'asphalte de nos communes

Découvrez les conclusions de l’innovation « Wattway » mise en place en 2016 sur une départementale Française.

Vous avez peut-être déjà entendu parler du projet de l’entreprise COLAS qui consiste à installer des panneaux solaires sous nos roues. Ce projet ambitieux nommé « Wattway » est expérimenté sur la départementale de l’Orne depuis 2016. Cependant, il ne semble pas connaître le succès attendu par l’entreprise, autant dans le domaine du climat que dans le domaine économique. Plusieurs experts le confirment tel que le GMPV (groupement des métiers du photovoltaïque) qui insiste sur les limites de cette innovation.


Ce système est expérimenté sur 1 kilomètre dans la commune de Tourouvre-au-Perche. Il a d’ailleurs été inauguré en décembre 2016 par la ministre de l’Environnement de l’époque, Ségolène ROYAL. C’est alors 2800 m2 de panneaux photovoltaïques qui ont été collés sur l’asphalte. Cette première route solaire était un galop d’essai pour développer ce système sur un millier de kilomètres à travers le pays. Les finances publiques ont d’ailleurs fiancé le projet Wattway pour un montant total de 5 millions d’euros.


En 2018, les premiers résultats tombent, une dégradation prématurée des dalles a été constatée lier à la circulation et aux pourrissements des feuilles d’arbres. Certains habitants se plaignent parfois de nuisance sonore engendrée par le revêtement spécifique de Wattway. Les autorités locales se voient alors obliger de limiter la vitesse de 70 km/h sur cette route intelligente. Mais ce ne sont pas les seuls points négatifs, l’installation électrique aurait même parfois disjoncté pendant des orages. L’entreprise Colas se voit alors enlever une centaine de mètres trop abîmée pour être réparée. Une image pitoyable d’après les habitants qui voient plusieurs parcelles de joints en lambeau, les panneaux solaires qui se décollent de la chaussée ainsi que de nombreux éclats de résine qui servent à protéger les cellules photovoltaïques.


La GMPV est quand même revenue sur le processus technique. Cette « route du soleil » est essentiellement composée de plusieurs cellules en silicium mises sous une couche qui permet de laisser passer la lumière et donc de capter l’énergie solaire.  Cependant, à la suite de nombreux tests une baisse de lumière provoquerait logiquement une baisse de production d’électricité. Une petite opacification peut alors entraîner une très grosse baisse de rendement. Problème, car le revêtement utilisé est constitué de verre, la poussière, les feuilles et autres facteurs ont alors contribue à l’opacification. Il en résulte alors une baisse significative du rendement, environ 75%. De plus, le trafic n’aurait pas contribué à la bonne maintenance technique de ses centaines de couches. D’après le président de la GMPV, Franc RAFFALLI, la chute de ce processus était prévisible. Il confirme aussi qu’une telle technologie n’est pas adaptée à une installation sur le trafic. WattWay le confirme provisoirement : "Notre système n'est pas mature sur le trafic interurbain et la logique de production d'énergie n'est pas pertinente".


Chez Climate Nation, nous pensons que toutes les inventions et innovations doivent passer par une phase de test via des prototypes pour ensuite bifurquer sur des améliorations pour que celle-ci soit enfin validée.


Nous surveillons alors au plus près ces projets innovants, mais qui manquent d’amélioration et qui pourrait contribuer favorablement à l’avenir notre planète et de notre civilisation. Nous suivons de près, minutieusement, ces types de projet innovant pour offrir dès que possible à nos partenaires le meilleur des nouveaux projets qui s’inscrivent dans une réelle démarche positive envers l’environnement.


Concernant le projet de route solaire, les spécialistes soulignent par ailleurs que les panneaux photovoltaïques ne doivent pas être mis à plat, mais au contraire être installé avec une inclinaison de manière à ce que la pente favorise l’élimination des saletés ainsi que le rendement. Techniquement parlant, les professionnels assurent donc qu'un tel concept, bien qu'intéressant sur le plan intellectuel, ne pouvait donc fonctionner. D'autant que le rapport coût-bénéfice n'est pas rentable pour un équipement aussi réduit : aux yeux du secteur, l'intérêt est de produire de l'énergie de masse, et non de manière ponctuelle sur un kilomètre de route ou pour recharger un vélo. "C'est même contre-productif, car ce sont des gadgets. Cela a desservi la profession", regrette Franc RAFFALLI. "C'est toujours une bonne chose de faire des tests mais dans ce cas, ça n'en valait pas la peine."


Au vu des circonstances, le compte n'y est donc pas sur le plan énergétique. Initialement, les porteurs du projet tablaient sur une production journalière de 790 kWh pour assurer la consommation annuelle de l'éclairage public d'une ville de 5.000 habitants. Mais Wattway n'a réussi à en produire qu'un peu plus de la moitié durant sa première année de fonctionnement, soit plus de 395 kWh par jour, et donc un total de 149.459 kWh sur l'année 2017. L'infrastructure a ensuite généré 78.397 kWh en 2018, et 37.900 kWh sur le premier semestre 2019. Par conséquent, les résultats ne suivent pas non plus sur le plan économique : le département de l'Orne, qui espérait une rentrée d'argent de 10.500 € chaque année, issue de la vente d'électricité produite par la route solaire, doit se contenter de quelques milliers d'euros.


Du côté de Wattway, l'ambiance est plutôt à la déception : "Notre système n'est pas mature sur le trafic interurbain et la logique de production d'énergie n'est, en effet, pas pertinente", admet Etienne GAUDIN, directeur associé de Wattway, auprès de nos confrères. "On n'est pas encore compétitif", et d'admettre que "le modèle de la route de Tourouvre n'est finalement pas celui que l'on va commercialiser. Nous privilégions désormais de petits modules de 3, 6 ou 9 m² destinés à fournir assez d'électricité pour une caméra de vidéosurveillance, l'éclairage d'un abribus ou une borne de recharge pour vélo électrique." Tant et si bien que l'avenir de Wattway est totalement incertain, 6 mois avant l'expiration du contrat de garantie liant le Conseil général de l'Orne à la filiale de Colas. Le département souhaiterait toutefois continuer à bénéficier de la notoriété induite par la route solaire, et a voté dans cette logique une subvention de 100.000 € fin juin dernier dans l'optique d'accueillir un autre projet de Wattway sur son territoire.


Nous voyons ici que même avec de l’ambition et de la bonne volonté certains projets trop ambitieux ne peuvent attendre leurs objectifs, cela ne doit pas décourager l’innovation dans ce secteur et chez Climate Nation nous sommes convaincus que de réelles solutions peuvent être trouvé(es) et nous continuerons de soutenir des projets vertueux pour l’environnement afin de permettre de lutter efficacement contre le dérèglement climatique.

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