
Transformer des Gigatonnes de CO2 en roche, naturellement
Une innovation scientifique permettant la séquestration du Co2 sur une longue durée grâce à l’olivine.
Certains projet « puits de carbone » ont pour but de transformer des Gigatonnes de CO2 en roche. Cette méthode innovante permet de capter à moyen terme directement le carbone de l’atmosphère pour limiter le réchauffement climatique. Cette solution de captage et stockage du carbone à la fois efficace, naturelle et permanente. Ne nécessitant ni entretien ni utilisation d’énergie une fois l’olivine déposée, l’analyse du cycle de vie démontre un facteur de 10 à 20 entre les quantités de CO2 captées et celles émises. En d’autres termes, pour 50 kg de CO2 émis (minage et transport) c’est 1 tonne de captée et stockée. Le potentiel de captation grâce à l'olivine apparaît colossal et se compte à moyen terme en Gigatonnes de CO2 réduites.
Explications scientifiques sur l’innovation
L’innovation vise à utiliser le pouvoir des océans pour accélérer un phénomène naturel de captation carbone afin de réduire la concentration atmosphérique en CO2. De façon naturelle, l’eau érode les roches volcaniques et cette altération s’accompagne d’une réaction chimique permettant de fixer le CO2 atmosphérique dans la roche. Ce cycle prend plusieurs millions d’années pour que le CO2 finisse de façon stable au fond des océans.
Cette méthode vise à accélérer ce processus naturel en exploitant la plus efficace des roches en matière de captation : l’olivine.
L’olivine est une roche de la famille des silicates qui se forme à très haute température (à plus de 1000 °C) dans les magmas en profondeur. Elle se retrouve parfois naturellement à la surface de la Terre, dans les zones volcaniques. À température ambiante, elle se retrouve toutefois dans une configuration très instable, on parle d’état métastable. Son altération est alors facilitée, c’est pourquoi elle est la meilleure roche pour capter du CO2.
En l’extrayant du sol, en la broyant en petits grains et en la disposant directement en bord de mer, toutes les conditions sont réunies pour faciliter encore plus son altération et donc son pouvoir de séquestration du CO2. Non seulement on accélère le parcours de la roche, mais en plus, on utilise ainsi l’énergie mécanique continue des vagues pour en accélérer encore l’altération.
Au niveau de l’océan, l’altération des minéraux va entraîner une augmentation de l’alcalinité de l’environnement local. En d’autres termes, l’olivine va désacidifier l’océan.
L’acidification des océans est aujourd’hui un problème majeur lié au réchauffement climatique avec de lourdes conséquences sur l’écosystème (coraux, plancton...). Sa désacidification est donc un point très positif et se traduit également par une augmentation de la capacité d’absorption du CO2 par les océans.
Cette méthode certes innovante et soutenue par Carbon Impact, présente des risques et des faiblesses notamment une question qui a été soulevée par le comité scientifique est l’impact sur la biodiversité. En effet, modifier la couleur du sable ou répandre massivement une couche d’olivine dans l’eau modifierai l'écosystèmes en présence.
Le risque de venir dégrader l’écosystème est toutefois très réduit. En effet, les apports relatifs à l’alcalinité semblent tous favorables aux écosystèmes. D’après les études scientifiques, seuls deux risques ont été identifiés à ce jour :
- la possible présence de métaux trace, c'est-à-dire des métaux tels que du nickel ou du chrome (toxiques pour l’environnement) emprisonnés en très faible quantité au sein des minéraux d’olivine naturels.
- la vitesse du changement, car toute évolution rapide des équilibres d’un écosystème, même avec l’apport de nutriments positifs, peut être préjudiciable à certaines espèces si elle entraîne des changements trop abrupts. Il est à noter qu’il existe déjà des plages d’olivine à plusieurs endroits du globe (Hawaï et l'île de la Réunion par exemple).
Pour répondre à cette question d’impact sur la biodiversité, il faut maintenant lancer des expérimentations pilotes in situ, avec un protocole scientifique d’analyse, car la réponse des écosystèmes sera très dépendante des conditions réelles et aucune simulation théorique ne pourra fournir ce genre de résultats.
Cette méthode reste donc à prouver dans des conditions réelles, le projet reste jeune, car l’entreprise a été créée en août 2021, mais ce projet pourrait être une piste à développer qui pourrais participer aux efforts mondiaux de lutte contre le réchauffement climatique.